Tubes & Histoire
Posté : 20 sept. 2018, 20:14
Je viens de finir un très bon bouquin d'Éric Vuillard intitulé "L'ordre du jour" (je précise que je n'ai pas d'intérêts dans la vente du livre). Vous pouvez écouter une lecture de certains chapitres par l'auteur sur le site de France Culture, sur le créneau de 20h30.
J'y ai découvert des tas de choses et notamment que nos chers tubes ne sont pas toujours très propres. Je vous transcrit un extrait :
"Pendant des années, [Gustav Krupp] avait loué des déportés à Buchenwald, à Flossenbürg, à Ravensbrück, à Sachsenhausen, à Auschwitz et à bien d'autres camps. Leur espérance de vie était de quelques mois. Si le prisonnier échappait aux maladies infectieuses, il mourait littéralement de faim. Mais Krupp ne fut pas le seul à louer de tels services. Ses comparses de la réunion du 20 février en profitèrent eux aussi; derrière les passions criminelles et les gesticulations politiques leurs intérêts trouvaient leur compte. La guerre avait été rentable. Bayer afferma de la main-d'oeuvre à Mathausen. BMW embauchait à Dachau, à Papenburg, à Sachsenhausen, à Natzweiler-Struthof et à Buchenwald. Daimler à Schirmeck. IG Farben recrutait à Dora-Mittelbau, à Gross-Rosen, à Sachsenhausen, à Buchenwald, à Ravensbrück, à Dachau, à Mathausen; et exploitait une usine gigantesque dans le camp d'Auschwitz : l'IG Auschwitz, qui en toute impudence figure sous ce nom dans l'organigramme de la firme. Agfa recrutait à Dachau. Shell à Neuengamme. Schneider à Buchenwald. Telefunken à Gross-Rosen et Siemens à Buchenwald, à Flossenbürg, à Neuengamme, à Ravensbrück, à Sachsenhausen, à Gross-Rosen et à Auschwitz. Tout le monde s'était jeté sur une main-d’œuvre si bon marché."
Si vous me suivez bien, cela ne signifie rien d'autre que ce qui suit : ces sociétés ont bâti leur fortune grâce à l'aubaine de la guerre - ce qui est de notoriété publique -, mais également en bénéficiant d'une main-d’œuvre exploitable à merci et peu chère : les déportés.
Et je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec l'épanouissement de l'économie occidentale du XVIIIe au XIXe siècle permis grâce à l'exploitation d'une autre main-d’œuvre bon marché : les esclaves africains.
La conclusion de tout ceci est évidente : l'argent et ceux qui s'y dévouent, ne reculent devant aucune horreur pour accroître leur emprise sur le reste du monde et de ses habitants. Il ne s'agit pour eux que de froids calculs et rien d'autre. On ne peut donc, à la lumière de ces simples éléments, décemment pas accorder de confiance à ces personnes qui aujourd'hui encore, de la même façon que leurs prédécesseurs, amassent des fortunes sur le dos des gens, au détriment de la vie. Et personnellement, je ne leur accorderais pas beaucoup plus que mon mépris.
J'y ai découvert des tas de choses et notamment que nos chers tubes ne sont pas toujours très propres. Je vous transcrit un extrait :
"Pendant des années, [Gustav Krupp] avait loué des déportés à Buchenwald, à Flossenbürg, à Ravensbrück, à Sachsenhausen, à Auschwitz et à bien d'autres camps. Leur espérance de vie était de quelques mois. Si le prisonnier échappait aux maladies infectieuses, il mourait littéralement de faim. Mais Krupp ne fut pas le seul à louer de tels services. Ses comparses de la réunion du 20 février en profitèrent eux aussi; derrière les passions criminelles et les gesticulations politiques leurs intérêts trouvaient leur compte. La guerre avait été rentable. Bayer afferma de la main-d'oeuvre à Mathausen. BMW embauchait à Dachau, à Papenburg, à Sachsenhausen, à Natzweiler-Struthof et à Buchenwald. Daimler à Schirmeck. IG Farben recrutait à Dora-Mittelbau, à Gross-Rosen, à Sachsenhausen, à Buchenwald, à Ravensbrück, à Dachau, à Mathausen; et exploitait une usine gigantesque dans le camp d'Auschwitz : l'IG Auschwitz, qui en toute impudence figure sous ce nom dans l'organigramme de la firme. Agfa recrutait à Dachau. Shell à Neuengamme. Schneider à Buchenwald. Telefunken à Gross-Rosen et Siemens à Buchenwald, à Flossenbürg, à Neuengamme, à Ravensbrück, à Sachsenhausen, à Gross-Rosen et à Auschwitz. Tout le monde s'était jeté sur une main-d’œuvre si bon marché."
Si vous me suivez bien, cela ne signifie rien d'autre que ce qui suit : ces sociétés ont bâti leur fortune grâce à l'aubaine de la guerre - ce qui est de notoriété publique -, mais également en bénéficiant d'une main-d’œuvre exploitable à merci et peu chère : les déportés.
Et je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec l'épanouissement de l'économie occidentale du XVIIIe au XIXe siècle permis grâce à l'exploitation d'une autre main-d’œuvre bon marché : les esclaves africains.
La conclusion de tout ceci est évidente : l'argent et ceux qui s'y dévouent, ne reculent devant aucune horreur pour accroître leur emprise sur le reste du monde et de ses habitants. Il ne s'agit pour eux que de froids calculs et rien d'autre. On ne peut donc, à la lumière de ces simples éléments, décemment pas accorder de confiance à ces personnes qui aujourd'hui encore, de la même façon que leurs prédécesseurs, amassent des fortunes sur le dos des gens, au détriment de la vie. Et personnellement, je ne leur accorderais pas beaucoup plus que mon mépris.