Voici le résultat de mes simulations.
Je reprends depuis le début pour re-situer la problématique.
Pour piloter correctement un étage Push Pull, il est nécessaire d’avoir 2 tension identiques en opposition de phase l’une par rapport à l’autre. Cela n’est possible que si le déphaseur utilisé est bien symétrique.
Or, la symétrie du déphaseur de Schmitt est liée à sont Taux de Réjection de Mode Commun (TRMC), rapport entre le gain différentiel (celui qui nous intéresse) et le gain de mode commun (à minimiser), qui est fonction de la résistance de pieds des cathodes couplées, Rk.
Plus elle est élevée, plus le TRMC est grand, plus le déphaseur est symétrique.
Néanmoins, une forte valeur de Rk fait chuter le courant de polarisation et contraint les tubes à travailler à proximité de la zone de pincement, d’où une dynamique réduite et de la distorsion supplémentaire (pas forcément agréable si on désire un son clair).
La parade consiste à trouver un dipôle qui permette un courant de polarisation correct (Résistance Statique faible) et mais qui présente une forte résistance aux variations de courant induites par le signal inter-cathodes (Résistance Dynamique très élevée).
Le dipôle en question est une source de courant, dans l’exemple, à semi-conducteur (Transistor 2N2222).
La caractéristique d’une source de courant est de délivrer un courant constant sur une large plage de tension (au moins la dynamique du signal d’entrée ; en réalité la moitié suffit…).
Voici le schéma de la source de courant en question :
http://www.hiboox.fr/go/images/musique/ ... 2.jpg.html
Le courant fourni est donné par la formule : Ic = (Vdiode – Vbe) / Remetteur.
Avec 2 diodes 1N4148 et une résistance de 1Kohms, j’obtiens à peu près 1mA sur la plage
[1.5V ; 20V].
On peut remarquer que le courant de la source est proportionnel à la tension de coude de la diode de référence utilisée. Par contre, utiliser une diode à forte tension de coude réduit la plage de fonctionnement de la source de courant.
Voici la caractéristique de cette source de courant :
http://www.hiboox.fr/go/images/musique/ ... 8.jpg.html
La Résistance Dynamique de cette source s’obtient en calculant la pente de la droite dans le domaine où la source opère (entre 1.5V et 20V).
Avec les outils de mesure de Pspice je trouve aux alentours de 3Mohms, ce qui laisse présager une bonne symétrie (fort TRMC) quand le montage sera inséré dans le Schmitt.
Cette source de courant a été réalisée et testée : on retrouve bien les fortes valeurs de Rdyn (supérieures au Mohms).
Afin de comparer l’influence d’un tel montage avec une résistance de cathodes classique, TOUTES CHOSES EGALES PAR AILLEURS, j’ai confronté 2 montages de Schmitt identiques, l’un avec la source de courant, l’autre avec une résistance de cathodes classique.
NB : Dans le cas d’une résistance de cathodes classique, la Résistance Statique et la Résistance Dynamique sont égales…
J’utilise une double triode 6SN7 (6N8S équivalent) à faible gain (à peu près 20). Le courant de polarisation (voisin de 1mA) est choisi identique dans les deux cas pour avoir le même point de polarisation.
Vk vaut 8V, pour une dynamique du signal d’entrée de 1V : on est toujours bien dans la zone de fonctionnement normal de la source de courant (Rdyn très élevée).
Voici les montages et les courants de polarisation :
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Etant dans les mêmes conditions en DC, la magie opère quand on injecte un signal AC.
Le graphe ci-dessous présente les tensions d’anode sur chaque bras du Schmitt : en bas pour le montage à source de courant, en haut pour le montage à résistance classique.
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Les courbes parlent d’elles même : dans le cas de la source de courant les 2 sorties sont parfaitement symétriques alors que dans l’autre cas, les tensions sont franchement déséquilibrées.
Ceci s’explique assez bien en comparant la variation de courant dans la source de courant :
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On remarque l’immunité quasi-totale de la source de courant aux variations de tension inter-cathodes : conséquence directe de la très forte résistance dynamique. La variation de courant dans une « résistance » de 3Mohms est bien plus faible que dans une résistance de 8.6Kohms, dans un rapport 350.
Ainsi, comme le courant entre les cathodes ne varie pas, il n’y a pas de variation de tension parasite : le signal entre la cathode 1 et la masse n’est pas affecté par une variation de tension du à la faible résistance de cathodes.
Quand le déphaseur est parfaitement symétrique, Vg1k1 = Vg2k2 = 0.5*Ventrée.
CONCLUSION :
Avoir recours à une source de courant permet bien d’équilibrer quasi parfaitement un déphaseur de Schmitt en ayant une résistance dynamique très élevée alors que le courant de polarisation est d’une valeur correcte.
Le montage peut donc être symétrique (au sens des composants) et il n’est pas utile de déséquilibrer les charges d’anode donc on a bien Io/2 dans chaque branche au repos, donc la même dissipation sur chaque triode.
Tout cela n’est possible qu’au prix d’un montage un peu plus complexe.
Il s’agit de résultats de simulations qui peuvent être sujets à discussion, donc il serait utile de réaliser une maquette afin de vérifier, ce que je pense entreprendre bientôt.
En espérant avoir démystifié un peu cette technique...